La Data au service de l’écologie ?
- Kiss The Bride
- 29 mai 2024
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Quand nous pensons « data », nous pensons chiffres, serveurs, business… des notions a priori assez éloignées de l’écologie et d’un monde plus vert.
Même si une partie de l’activité data engendre une surconsommation d’énergie non négligeable, l’analyse de la donnée peut quant à elle nous aider dans bien des domaines à adopter un mode de vie plus écologique.
La data, ça consomme !
Commençons par ce qui pose problème : la consommation liée au traitement et au stockage de la donnée. Chaque seconde, 29.000 Gigaoctets (Go) d’informations sont publiées dans le monde. Un volume de « big data » qui croît à une vitesse vertigineuse et donne naissance à de nouveaux challenges en termes de traitement de la donnée. Pour stocker et sécuriser autant de données, des datacenters sont nécessaires, sortes d’usines numériques cachées dans des bunkers extrêmement protégés. Ces structures sont responsables de 2% des émissions mondiales de CO2 et 1,5% de la consommation électrique, soit l’équivalent de la production de 30 centrales nucléaires (source d’électricité la plus souvent utilisée et très décriée par les mouvements écologistes). Si on ajoute à cela l’utilisation massive de métaux et terres rares dans les composés informatiques, le constat est plutôt pessimiste. Ces composés sont en effet extraits du sous-sol en utilisant des techniques particulièrement destructives et des produits nocifs pour l’environnement. Et ils sont aujourd’hui encore mal collectés et mal recyclés ; une partie importante des équipements en fin de vie continue d’atterrir dans des décharges sauvages, en Chine ou encore en Inde.
La demande pour le cloud computing et les services numériques devrait continuer à croître, ce qui entraînera une augmentation continue de la consommation énergétique des datacenters. Les prévisions estiment que cette consommation pourrait tripler d’ici 2030 si des mesures d’efficacité énergétique ne sont pas mises en place.
Doit-on revoir notre utilisation des nouvelles technologies ou existe-t-il un moyen de combiner progrès technologique et respect de l’environnement ?
Repenser le cycle de vie de la data
Avec le développement de certaines technologies comme l’intelligence artificielle, notre besoin en équipements toujours plus puissants va continuer de croître de façon exponentielle. Il est donc important de réfléchir au cycle de vie de la data en la resituant dans son contexte environnemental. Il ne s’agit pas uniquement de ne plus imprimer de document pour être « écolo » ni de stopper toute évolution technologique !
Vous êtes-vous déjà posé la question de la durée de vie d’un câble informatique, d’une baie de datacenter, d’un ventilateur de refroidissement ? Ces pièces ne sont pas éternelles et ne sont ni recyclables ni compostables non plus pour la plupart. Ces éléments deviennent des déchets dont nous ne savons pas quoi faire et qui finissent par alimenter des décharges à ciel ouvert, polluant notre environnement.
Des choix judicieux doivent être faits lorsqu’il s’agit de sélectionner les matériaux et de créer les processus de production des systèmes afin de limiter l’impact environnemental. La bonne nouvelle ? Des solutions existent ! Du refroidissement par eau froide à l’utilisation de plastique recyclé, en passant par la mise en place de centres de réparation… il est possible de repenser l’activité dans sa globalité et certains acteurs s’y attèlent.
Enfin, la fin de vie de la data est aussi un sujet sous-estimé : que faire de toutes ces données non exploitées ou qui ne sont plus d’actualité ? Que ce soit à titre personnel ou à titre professionnel, nous accumulons des fichiers, des emails, des photos, des vidéos… si vous multipliez tout ceci par le nombre d’habitants et d’entreprises, vous arrivez à un volume de données extrêmement important et énergivore.
Une récente étude de Databerg a mis en exergue que seulement 14% de données sont critiques pour l’entreprises ou représentent un certain intérêt. Pour autant, nous en stockons 100%…
Focus sur une piste de réponse : le stockage sur bandes magnétiques
Face à la croissance exponentielle des données et aux exigences environnementales croissantes, les datacenters cherchent des solutions pour réduire leur consommation énergétique. Le stockage sur bandes magnétiques, une technologie éprouvée et en constante évolution, émerge comme une option prometteuse.
La principale force du stockage sur bandes magnétiques réside dans sa faible consommation d’énergie. Contrairement aux disques durs (HDD) et aux disques SSD, les bandes magnétiques n’ont pas besoin d’être constamment sous tension pour maintenir les données. Lorsqu’elles ne sont pas utilisées, elles peuvent être déconnectées, réduisant ainsi la consommation d’énergie de manière significative. Cette caractéristique est particulièrement bénéfique pour le stockage de données « froides » – celles qui ne sont pas fréquemment accédées.
Les bandes magnétiques offrent une durabilité exceptionnelle avec une durée de vie pouvant atteindre 30 à 50 ans. Cette longévité en fait une solution idéale pour l’archivage de données à long terme. Les bandes sont également moins sensibles aux chocs mécaniques et aux pannes électroniques, réduisant ainsi les risques de perte de données.
D’autre part, les solutions de stockage sur bande moderne, comme la technologie LTO (Linear Tape-Open), offrent des capacités de stockage impressionnantes. Les cartouches LTO-9, par exemple, peuvent stocker jusqu’à 18 To de données natives, avec des perspectives d’évolution continue. Cette grande capacité permet de stocker de vastes volumes de données dans un espace physique réduit.
L’évolutivité des systèmes de bandes est un autre atout majeur. Ajouter de nouvelles cartouches de bande est une opération simple et économique, surtout comparé à l’ajout de nouveaux disques durs ou de serveurs. Cette flexibilité permet aux datacenters de s’adapter rapidement à l’augmentation des volumes de données sans surinvestir dans des infrastructures coûteuses.
IBM montre l’exemple et utilise les bandes magnétiques pour le stockage des données pour toutes les raisons citées précédemment. Cette solution contribue à diminuer l’empreinte carbone d’IBM. De plus, IBM utilise des sources d’énergies renouvelables pour alimenter ses datacenters, renforçant encore son engagement en faveur de la durabilité. Cette approche intégrée combine innovation technologique et responsabilité environnementale, positionnant IBM comme un leader dans la réduction de l’impact énergétique des infrastructures de stockage de données.
Des données « au service de », et non pas « à la place de »
Les données doivent être considérées comme « neutres », ne servant ni la politique, ni aucune cause particulière. Leur exploitation doit servir un objectif et permettre de mettre en place des solutions. Mais nous ne pouvons pas attendre que la data sauve le monde sans commencer par changer nos habitudes. C’est bien là que la donnée a de la valeur : certaines données représentent une précieuse source d’information pour faire face aux nombreux défis liés notamment au changement climatique (mobilité verte, efficacité énergétique, transition agricole, etc.)
Mettre les données au service de la transition énergétique commence par la collecte de l’information, qui s’effectue grâce à des modes de captation de plus en plus diversifiés (de la caméra de surveillance au capteur météorologique, en passant par le drone ou le smartphone). Parmi les modes de collecte, le crowd sourcing est en vogue car il revient à demander aux citoyens de mettre à disposition leurs capteurs, téléphone et tablette, mais aussi objets connectés (bracelet par exemple ou appareils ménagers) pour donner des mesures en temps réels et créer ainsi des cartographies de phénomènes (pollution sonore ou lumineuse par exemple).
L’analyse des données ainsi collectées peut permettre aux citoyens ou aux entreprises de modifier certaines habitudes ou de prendre conscience d’éléments que nous ne remettions pas en question jusqu’alors. Par exemple, le compteur intelligent Linky a pour objectif de réduire la consommation électrique des français, les bilans carbones partagés par les compagnies aériennes visent à nous faire réfléchir à nos modes de déplacement…
De plus en plus d’initiatives innovantes voient le jour et doivent nous inspirer pour toujours mieux exploiter la data. Par exemple, dans le 13e arrondissement de Paris, la société Quantmetry teste un système qui analyse le nombre de passants dans les rues en fonction des téléphones portables afin d’adapter l’éclairage public en conséquence. Dans un autre domaine, Fruiton Sciences a mis en place des capteurs dans le vignoble pour mesurer précisément les flux de sève et les besoins en eau. À Lyon, Veolia modélise en temps réel individus, foules, véhicules, trafic et autres flux avec la start-up ForCity. Il s’agit de mieux saisir les interactions au sein d’une ville (habitants, infrastructures, services, géographie), et mieux visualiser l’impact du développement urbain.
Les données peuvent donc être au service de la transition écologique, à condition d’en avoir un usage raisonné. Le recours au numérique ne doit pas être automatique. Il faut ainsi poser pour principe de toujours évaluer la captation et l’utilisation de données au regard de leur impact environnemental et de leur intérêt réel pour la transition écologique.
Quelques astuces pour agir pour la planète avec nos données
Agir pour la planète en gérant mieux nos données implique plusieurs stratégies et comportements qui peuvent réduire notre empreinte carbone. Voici quelques astuces pratiques pour y parvenir :
Nettoyer et organiser ses données
- Supprimer les données inutiles : Triez régulièrement vos emails, fichiers, et photos pour supprimer ce qui est inutile. Moins de données à stocker signifie moins de ressources énergétiques nécessaires.
- Utiliser des solutions de stockage éco-responsables : Optez pour des services de stockage qui privilégient l’utilisation d’énergies renouvelables et qui ont des politiques claires de réduction de l’empreinte carbone.
Optimiser l’utilisation du cloud
- Choisir des fournisseurs de cloud vert : Privilégiez les fournisseurs de cloud qui utilisent des énergies renouvelables et qui ont des pratiques durables. Google Cloud, AWS, et Microsoft Azure ont tous des initiatives en ce sens.
- Régler les paramètres de synchronisation : Configurez les services de synchronisation pour qu’ils ne se mettent à jour que lorsque c’est nécessaire, réduisant ainsi l’utilisation de bande passante et d’énergie.
Pratiquer une informatique responsable
- Prolonger la vie de ses appareils : Utilisez vos appareils électroniques aussi longtemps que possible avant de les remplacer. Maintenez-les en bon état pour prolonger leur durée de vie.
- Recycler les équipements : Recyclez vos vieux appareils électroniques de manière responsable en les apportant dans des centres de recyclage spécialisés.
Adopter des bonnes pratiques numériques
- Limiter l’envoi et la réception d’emails : Les emails consomment de l’énergie. Envoyez des emails uniquement lorsqu’ils sont nécessaires et limitez les pièces jointes lourdes.
- Utiliser des moteurs de recherche écologiques : Utilisez des moteurs de recherche qui compensent leur empreinte carbone, comme Ecosia, qui plante des arbres à chaque recherche effectuée.
Économiser l’énergie
- Configurer les appareils en mode économie d’énergie : Activez les modes d’économie d’énergie sur vos appareils pour réduire leur consommation lorsqu’ils ne sont pas utilisés.
- Débrancher les appareils non utilisés : Débranchez les appareils électroniques lorsqu’ils ne sont pas en cours d’utilisation pour éviter la consommation d’énergie en mode veille.
Utiliser des logiciels et services éco-responsables
- Opter pour des logiciels open source : Les logiciels open source peuvent être plus efficaces et personnalisables, permettant une utilisation plus efficiente des ressources matérielles.
- Utiliser des applications éco-responsables : Certaines applications sont spécialement conçues pour minimiser leur impact environnemental en optimisant l’utilisation des ressources.
Favoriser les réunions virtuelles
- Réduire les déplacements : Utilisez les outils de visioconférence pour réduire les déplacements professionnels et personnels, diminuant ainsi l’empreinte carbone liée aux voyages.
Adopter ces astuces peut contribuer de manière significative à réduire notre empreinte carbone et à protéger la planète. En nettoyant et en organisant nos données, en utilisant des services de cloud écologiques, en prolongeant la vie de nos appareils, et en adoptant des pratiques numériques responsables, nous pouvons tous faire une différence et concentrer notre usage numérique à l’amélioration de nos process et de nos habitudes.
Chez Kiss the Bride, nous apportons notre pierre à l’édifice en choisissant les options qui nous semblent les plus adaptées. Nous avons rédigé une charte RSE avec objectifs, que nous suivons au quotidien et que nous vous partagerons avec plaisir !
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